Je ne suis pas tout à fait d'accord avec Laurent quand il affirme que...
"Voilà bien le problème de la voile de jonque : qu'elle soit plate ou cambrée, le réglage de la courbure du profil est très limité."
Je pense en effet que :
- Sur une voile Marconi, le creux de la voile est essentiellement une question de coupe et les possibilités de le modifier sont finalement assez réduites en ce qui concerne surtout les voiles d'avant car elles ne possèdent pas de bôme. Avant la multiplication des enrouleurs, quand on changeait une voile avant, on le faisait souvent pour une voile de surface sensiblement équivalente mais coupée plus plate.
- Sur une voile de jonque, le creux et le dévers sont étroitement liés. Comme chaque latte est munie d'une écoute, le contrôle du dévers est ainsi plus efficient que sur une voile Marconi. Les systèmes d'écoute les plus raffinés permettent de contrôler séparément le haut et le bas d'une voile de jonque. La plupart des junkies, dont Tyler, se contente de systèmes plus rustiques...
- Sur une voile de jonque, le creux des panneaux peut être évolutif : des panneaux inférieurs creux et des supérieurs de plus en plus plats. Plus on abaisse le store, plus l'ensemble est plat...
La faiblesse de la voile de jonque est le près serré par petit temps (Surtout les voiles Hasler)... Faiblesse qui se retrouve néanmoins, aussi, sur un marconi de voyage un peu lourd. Un genaker (= quelques mois du budget voyage) arrange un peu les choses. La risée Perkins aussi. Et puis, dans la calmasse, j'en profite pour faire des frites...
Et puis... il est bon de toujours et encore se rappeler qu'un bateau est toujours un compromis et qu'un bon bateau est d'abord un bateau qui correspond à un programme... Arrêtons de focaliser sur la "performance"...
Si je préparais un 4x4 pour traverser le Sahara me viendrait-il à l'idée de chercher les performances d'une F1
* * * * * * * * * * *Sur la photo de Fantail d'Annie Hill, voile dessinée par Tyler, on voit nettement les panneaux cambrés du bas. Tyler conseille maintenant de mettre encore moins de cambrure.
Arne K met jusqu'à 10% de cambrure dans tous ses panneaux. Le tissu utilisé est du nylon. La géométrie de sa voile ressemble à une Hasler.
Reddish compte sur une disposition en éventail avec des voiles de faible allongement pour obtenir du creux.
David Tyler fait un mélange des deux. Le haut de sa voile est quasi plate et en éventail, tandis que le bas présente des panneaux cambrés. Par petit temps, le bateau remonte bien grâce à cette cambrure. Et lorsqu'il arrise, il obtient une voile moins creuse présentant une "homogénéité" plus grande au niveau de la répartition des contraintes.
Il utilise du tissu polyester.
L'objectif d'Arne, c'est la performance dans des eaux plus protégées. Tyler cherche la tranquilité d'esprit au large.