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Quel type d'aile précisément ?

Quel type d'aile précisément ?

Messagepar Laurent » 14 Nov 2012, 00:10

Bonjour,

Ce sujet était à l'origine dans la rubrique censé mettre en commun des savoirs pour concevoir/fabriquer une aile souple.

je pense qu'il va falloir prendre tout le temps nécessaire afin de répondre au mieux à cette question importante.
De toute façon, le projet vient d'être lancé et requiert la venue d'autres participants.

Si l'option deux volets symétrique à effet de fente est désignée comme prérequis, il reste deux ou trois premiers points essentiels à définir :
- Mâts rotatif ?
- Quel compromis coût/matériau ?
- Jusqu'où aller sur le versant technologie avancée ?
- À vous d'énoncer d'autres axes de débats

je résumerais mon point de vue : il faudrait se diriger vers le plus grand dénominateur commun, non ?



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Re: Quel type d'aile précisément ?

Messagepar Alain Oriot » 14 Nov 2012, 12:42

Merci Laurent d'ouvrir ce projet

Pour commencer à dégrossir

Pour la conception d'une aile souple à deux volets, il y a plusieurs approches possibles dans la conception de la structure et du mât :
1. les cambreurs du volet avant enveloppent complètement un mât cylindrique
2. les cambreurs coulissent sur l'arrière d'un “mât-aile” (sur des rails), ils ne forment que l'arrière de la géométrie du premier volet, le mât est dans ce cas le début du profil du premier volet… son bord d'attaque.

Un autre choix existe pour la mature :
3. mât emplanté (fixe ou rotatif) comme sur Matin Bleu ou GrandPha
4. mât haubanné comme sur Pi28 (qui ne semble possible que sur un multicoque pour le cas où les cambreurs enveloppent le mât, vu que dans ce cas on ne peut mettre de barres de flèches)

Les avantages et inconvénients des différents choix :

1. les cambreurs sont simples à fabriquer, ils coulissent facilement sur le mât, il n'y a pas de matériel spécifique à installer sur le mât, c'est la toile qui sert de bord d'attaque. En revanche, l'aile peut être plus difficile à contrôler dans son vrillage que la solution 2.

2. Le bord d'attaque peut être parfait, c'est important car sur une aile c'est la partie de l'aile qui doit recevoir le plus de soin et qui est déterminante quant à l'orientation de la poussée exercée sur l'aile. On contrôle au mieux le vrillage de l'aile. En revanche, faire coulisser les cambreurs sur un mât impose d'utiliser deux rails fixés sur le mât et une double drisse, avec des risques de coincement ; il y a une zone délicate à travailler au niveau aérodynamique, c'est la jonction toile/mât ; enfin, le mât nu engendre un plus grand fardage qu'un mât cylindrique.

3. le mât emplanté offre une plus grande liberté dans la rotation des cambreurs. L'aile peut travailler avec une incidence supérieure à 90°. On ne risque pas d'éclater les cambreurs sur le haubanage. En revanche, le mât emplanté est plus lourd (quasiment le double)… Et un mât en bois (R = 4 kg/mm2) ou en aluminium (R = 28 kg/mm2) est exclu, les seuls matériaux possibles sont des matériaux à forte résistance en rupture (stratifié de verre – R = 59kg/mm2 – ou mieux de carbone – R = 113 kg/mm2)

4. le mât haubané permet d'utiliser l'aluminium (E = 7100 kg/mm2) ou le bois (E = 950 kg/mm2) puisqu'ils travaillent en colonne. Le mât peut être rétreint en haut et en bas (en forme de fuseau) pour être plus léger. En revanche, les cambreurs peuvent taper contre le haubanage. Et cette solution est quasiment exclue pour les monocoques à cause des points de tire des haubans trop rapprochés du pied de mât, à cause de l'impossibilité de mettre des barres de flèche.

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Re: Quel type d'aile précisément ?

Messagepar Laurent » 14 Nov 2012, 23:47

J'estime que la solution offrant le plus de débouché est celle du mât haubané ou non, + un volet-avant l'enrobant avec du tissu à voile. Ce choix pourrait intéresser ceux qui vont (faire)construire mais aussi ceux qui ont déjà leur voilier en configuration mât autoporté.
Si je ne me trompe, l'option mât haubané n'intéressera que ceux qui vont se lancer sur du neuf (il faut un haubanage très spécifique et donc un échantillonnage du mât, adapté, non ?).
Que le mât soit haubané ou pas, la structure de l'aile sera alors suffisamment proche, à mon avis, pour qu'on puisse décliner deux versions sans trop avoir de travail de conception, supplémentaire, à fournir.

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Re: Quel type d'aile précisément ?

Messagepar Laurent » 15 Nov 2012, 11:41

Il me vient une idée tout d'un coup : il serait souhaitable de définir toute la terminologie nécessaire à la description d'une aile. Afin de faciliter le partage de l'information. Double terminologie : français/anglais
Un croquis descriptif serait donc bienvenu. je vais m'y atteler et vous pourrez par la suite modifier/compléter à votre guise.
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Re: Quel type d'aile précisément ?

Messagepar Alain Oriot » 15 Nov 2012, 16:55

Salut Laurent,

Moi aussi je préfère pour sa simplicité (et son coût moindre) le premier volet enveloppant le mât. Reste que nous avons quand-même une inconnue quant à la tenue du vrillage.
Après avoir beaucoup tergiversé, nous allons sans doute faire une aile avec un mât haubané en bois, pour des raisons de coût, de poids et de facilité de fabrication. Donc il faut qu'on conçoive une aile qui puisse satisfaire les deux solutions.

Il faudrait trouver une personne qui sait déterminer par calcul (éléments finis), les efforts sur l'aile.
Si j'ai bien compris, l'équipe qui a conçu Pi28, malgré des moyens de calculs, a été conduite à alléger leur aile considérablement, après les premiers essais en changeant de technique pour la conception des cambreurs (ils sont d'abord partis avec des cambreurs ajourés en sandwich de carbone comme sur les AC – http://www.p28foiler.com/la-voile-a-profil-epais/ –, pour finir par adopter des cambreurs en joncs de carbone assemblés ultra-fins. http://www.p28foiler.com/mediatheque-2/. Cela signifie qu'importe peu la raideur du cambreur pour l'éviter de se déformer en hélice, seule compte la résistance à la compression du cambreur qui est reprise par les entretoises en zig-zag.
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Re: Quel type d'aile précisément ?

Messagepar Laurent » 15 Nov 2012, 22:51

.
La structure premier jet
Image


Celle adoptée par la suite
Image

Plus de photos ici : http://www.voiles-alternatives.com/viewtopic.php?f=3&t=3


L'idée est séduisante, mais je suis tout de même un peu sceptique pour une configuration aile hauturière où le travail de l'aile peut se chiffrer en semaine, sans interruption, même sur un multi.



* * * *


Je pense que le plus gros du travail, dans la réalisation de cette future aile, sera celui du calcul de structure/résistance matériau.

Du point de vue mécanique, l'aile est un système assez simple finalement. La conception est proche de celle des premiers avions et n'a rien à voir avec la technologie utilisée sur les ailes d'Airbus.

Le problème number one, c'est le poids totale de l'aile.
Cela ne va pas être un exercice facile que de déterminer des échantillonnages qui garantissent une fiabilité digne de s'afficher "croisière sans soucis", tout en restant dans du poids plume.

Coté aérodynamique, cela devrait s'avérer assez facile de déterminer le type de profil à adopter pour les volets avant et arrière.

Une exception cependant sur le versant mécanique : le système de pivot entre les deux volets, sur lequel il faudra plancher très sérieusement. Le reste m'apparait bien fléché.

Enfin, il reste le problème de la fixation du tissu sur les cambreurs.
Ton idée du velcro, si alléchante en théorie, mériterait d'être testée.
Toi qui souhaite réaliser une portion d'aile grandeur nature, ce serait l'occasion de vérifier la pertinence ou pas d'un tel choix.


* * * *

L'idée ne me quitte pas :
Les boudins gonflables. Du type de ce qui est adopté pour les ailes de traction/kite.
Dans le genre léger, on ne fait pas mieux pour raidir.
Seulement voilà, le concept se dégonfle rapidement avec la contrainte de la réduction de voilure…


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Re: Quel type d'aile précisément ?

Messagepar Laurent » 16 Nov 2012, 00:31

.
.




Quand on voit l'échantillonnage et la structure du balestron ( j'aimerais mieux utiliser un autre terme que celui de balestron mais je ne vois pas lequel ), ainsi que son système d'étarquage, il semble qu'il faille peu de tension pour conserver à l'aile du P28, un profil correct.

Mais je continue de penser que le P28 est un engin de vitesse pour plan d'eau non agité et vent modéré.
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Re: Quel type d'aile précisément ?

Messagepar christophe » 16 Nov 2012, 09:49

Bonjour,
je vous livre en pâture juste quelques réflexions sur l'aile. Toujours sur contrôle du vrillage, Il me semble que le fonctionnement d'une aile type Pi28 doit être différent du fonctionnement d'une aile à volet, elle ressemble d'ailleurs assez dans sa dernière version à l'aile Phicoe. Sur une aile à volet, sans contrôle du cambreur supérieur, la partie haute aura tendance à déverser. Ce phénomène sera bien moindre si, comme l'a écrit Alain, le volet à une forme de triangle. Auquel cas, son efficacité sera, elle aussi, bien moindre pour le haut de l'aile. De plus dans le cas d'une aile à volet arisable de plus grande taille (10m)donc sans contrôle de cambreur intermédiaire, on est un peu condamné à n'avoir qu'un seul volet sur toute la hauteur de l'aile et dans ce cas j'ai peur que la tension du tissus ne soit pas suffisante pour contrôler le twist à partir du seul cambreur du bas. Mais bon,je n'ai jamais navigué avec un gréement à aile (mais j'aimerai bien) et je peux être completement à coté de la plaque.

Une autre réflexion : pour une application a un monocoque de croisière, pour les allures du près jusqu'au largue, l'aile me parait d'une efficacité bien supérieure à un gréement marconi,la portance est plus importante et la trainée est plus faible. Par contre, selon moi, dès que le vent apparent va dépasser le travers avec une orientation de l'aile globalement perpendiculaire à l'axe du voilier, on risque de perdre en efficacité. Soit,l'aile ne travaille plus en finesse mais en poussée ce pour quoi elle n'est pas faite soit elle travaille encore en finesse (jusqu'au largue maxi et seulement si il n'y a pas de haubans) mais elle introduit de la contre gite et l'angle de descente au vent est moins bon. je pense que c'est pour cette raison que beaucoup de commentaires insistent sur le notion de vitesse du support : plus le support est rapide, plus le vent apparent permettra à l'aile de travailler en finesse avec des allures abattues.
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Re: Quel type d'aile précisément ?

Messagepar Laurent » 16 Nov 2012, 10:41

j'ai écrit ce qui vient ci-dessous avant que Christophe ne poste son message :

Le choix du mât rotatif. Ou pas.

Bon nombres de concepteurs d'ailes en tout genre ont fait appel à cette option car c'était un moyen très efficace pour contrôler l'incidence et la cambrure de l'aile.
Dans le cadre des ailes rigides actuelles à deux volets - voir à trois pour certaines ailes, mais dans ce cas là, un volet fait fonction de bord de fuite ajustable - le contrôle de l'élément-avant de l'aile n'est pas nécessaire via un système en pied de mât : tout s'opère grâce à l'écoute, aux réglages de la cambrure entre les deux volets, et celui du twist.
Tout cela est permis grâce à la rigidité du volet avant.

Avec l'option mât fixe, il s'agirait de trouver une/des solutions afin d'améliorer la tenue de tout l'élément avant.
J'en ai une plutôt efficace, j'en ai déjà parlé, c'est le boudin gonflable. Mais avec l'obligation de réduire, via trois ris par exemple, il faudrait quatre boudins gonflables. Ajouté à cela les autres réglages, cela commence à faire usine à gaz, l'idéal pour vous faire regretter le bon vieux temps du Marconi…



* * * *


Dans la continuité de ton post, Christophe :

Tu interviens sur le problème essentiel qu'Alain avait soulevé et qui pourrait justifier l'utilisation d'un mât rotatif.

je ne sais même pas si il y a réellement un système de contrôle de la cambrure sur l'aile du P28.
j'ai l'impression qu'une cambrure moyenne a été fixée pour une condition météo-type afin que l'aile y soit la plus performante possible.
Ce qui semble s'avérer pour acquis, c'est que l'aile est assez peu étarquée. Sinon, le "balestron" serait autrement plus robuste.

Les concepteurs de l'aile P28 ont parié sur une importante quantité de cambreurs.
Diviser plus pour mieux régner…
Depuis le début de ce projet , je suis convaincu de cette option, je crois qu'elle intervient pour beaucoup dans le non-vrillage.
Mais ce n'est peut être pas suffisant.

Je suis du style à avoir des pensées instinctives : j'ai tendance à croire, depuis pas mal de temps, que la toute la partie verticale - que constituent les articulations/charnières entres les deux volets - est facteur de rigidité.
L'ensemble volet-arrière permettrait de mieux aligner les bords de fuites des cambreurs du volet-avant.
Ce serait une explication supplémentaire à la bonne tenue de l'aile rudimentaire fabriquée par Alain et Yvan.

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Re: Quel type d'aile précisément ?

Messagepar Laurent » 16 Nov 2012, 11:05

Une précision : quand je parle de système pour régler la cambrure de l'aile du P28, c'est pour signifier autre chose que celui que produit la cambrure du balestron.
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Re: Quel type d'aile précisément ?

Messagepar Laurent » 16 Nov 2012, 11:45

La technologie boudin gonflable restant, à mon avis, de celle qu'il faut garder sous la main,
me vient une idée qui permettrait de la rendre possible sur une aile, tout en restant assez facile à gérer :
un boudin gonflable serait présent uniquement sur la partie haute de l'aile, celle qui resterait en usage après réduction maximale (le troisième ris). Le dégonflage ne serait de mise qu'à l'affalage.

Ainsi de donner justement à la partie la plus sensible au vrillage, une plus grande rigidité.
Un atout tout à fait bienvenu pour une partie de l'aile qui devra tenir le coup sous les assauts d'un vent tempétueux…

(l'aile souple par vent violent, un sujet qu'il faudra aborder)


Post-Scriptum :
j'ai oublié une remarque : Merci Christophe pour ta participation.
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Re: Quel type d'aile précisément ?

Messagepar Laurent » 16 Nov 2012, 13:12

.
.

Pour ceux qui ne sont guère familiers avec la technologie utilisée sur les cerfs volants de traction à boudins gonflables, voici un PDF expliquant le démontage d'un bord d'attaque de kitesurf.

Remplacer un bord d'attaque


* * * *

Et voici une vidéo montrant le gonflage des boudins d'un kitesurf via un gonfleur électrique spécifique.
Les gonfleurs électriques 12V, pour pneu, conviennent également.
Voilà donc de la technologie pas trop contraignante (mais bruyante !)

[video]http://www.youtube.com/watch?v=BcOm3utTZeQ[/video]
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Re: Quel type d'aile précisément ?

Messagepar Alain Oriot » 16 Nov 2012, 13:47

Bonjour,

1. Il ne faut pas se tromper sur la solidité du balestron de l'aile de Pi28, elle doit être énorme. Il s'agit d'une plaque de carbone, fine pour le cintrage, mais avec une forte inertie (sa hauteur, l'inertie se calcule en mm4, donc quand on multiplie par 2 la hauteur d'un profil, on multiplie par 16 son inertie), bien plus balaise qu'une bôme en alu de même longueur. Dans l'intérieur du balestron, il y a deux étages de cambreurs (un en haut du balestron et un en bas qui lui interdisent de flamber), si bien que l'inertie reste entière.

2. La longueur du travail pour fabriquer l'aile.
Sur la seconde aile de Pi28, ils utilisent 1000 tubes de carbone et plus de mille pièces de carbone découpées au jet d'eau dans un strat, pour réaliser 16 cambreurs. Mais ils ont choisi de faire dans la dentelle. Nous ne sommes pas obligés de suivre cette technique longue et très technique.

On peut très bien faire des cambreurs en sandwich, dans une grande plaque, et les découper ensuite pour les ajourer, comme ce qu'ils ont fait pour la première version. Le sandwich peut être en fibre de verre, en carbone ou en CP.
J'ai réalisé un échantillon de sandwich en CP (3+20+3) avec de la mousse styrène extrudée de 30 kg/m3, la résistance est assez extraordinaire, équivalente à une feuille de CP de 19 mm, pour la solidité, et équivalente à une feuille de CP 22 mm pour la raideur, et pour un poids de 4kg/m2. Il n'y a que le carbone pour faire mieux. Puis le sandwich bois, c'est très facile à découper. Il suffit juste de napper (en carbone ou en verre, ou encore en métal) des renforts pour les charnières et les axes.

3. La résistance
Vu l'évolution, dans la réalisation de l'aile de Pi28, entre la version 1 et la version 2, je pense que l'évaluation des efforts ne doit pas être si simple. D'autre part, il est manifeste que les cambreurs dans la seconde version, n'ont aucune raideur, on voit dans leur film quand le technicien les manipule, qu'ils sont très souples. Cela signifie qu'ils travaillent essentiellement en compression et que c'est la tension de la toile qui assure le fait qu'ils ne vrillent pas, ni ne flambent.
Ce qui est permis sur l'aile de Pi 28, une aile qui ne s'arise pas, peut être très différent sur une aile de croisière où pendant le moment où l'on arise, les cambreurs ne sont plus rigidifiés par la tension de la toile… et là ils peuvent flamber ou se mettre en hélice ! Pour une aile de croisière, cela milite pour des cambreurs en sandwich.

4. Reste la partie délicate de l'articulation. Comme, en croisière on peut s'attendre à ce que l'aile soit rudoyée dans tous les sens au moment de l'ariser, je pense qu'il faut envisager une charnière sur deux axes (comme un cardan). Ce n'est pas très difficile à réaliser : on fait un axe vertical de fort diamètre (3 à 5 cm), long de l'épaisseur du cambreur et on perce cet axe par le travers d'un trou ou viendra l'axe solidaire de la came du second volet.

5. Le poids ne me semble pas problématique. On a deux toiles (au lieu d'une seule) mais elle peuvent être de gramage plus faible (presque la moitié si on se fie à ce qui existe sur Matin Bleu).
Le poids des cambrures est plus lourd que des lattes, certe, mais ça reste léger surtout s'ils sont faits en sandwich, contrairement aux solutions à wishbone de MatinBleu et GrandPha.

6. Laurent, laisse tomber les boudins gonflables… ça paraît seulement séduisant. Ce qui se gonfle fuit !!!… et on ne connaît aucun matériau léger étanche aux gaz. De plus, c'est quasiment impossible d'avoir un profil contrôlé.

7. Sur le vrillage (Christophe). L'aile de Pi28 montre qu'on peut maîtriser un vrillage excessif sur une forte hauteur (13m). Cela tient essentiellement au fait qu'on multiplie les cambreurs. On comprend bien que si on décale l'incidence d'un cambreur par rapport au suivant, le tissus de la toile aura tendance à plisser (il travaille dans ce cas en cisaillement). Si la distance entre deux cambrures est grande, l'élasticité du tissu aura tendance à absorber ce cisaillement, si elle est courte, ce sera difficile… et donc l'incidence entre les deux cambreurs sera réduite.
C'est ce qui impose de multiplier les cambreurs. En même temps si on multiplie trop, sur une voile de croisière, on risque d'avoir une montagne de cambreurs empilés une fois l'aile arisée.

Il ne faut pas oublier aussi que l'aile s'appuie sur le mât (donc chaque cambreur) quasiment à l'endroit du centre de poussée, ce qui explique sans doute aussi le très faible vrillage que nous avons observé dans notre essai et sur l'aile de Pi 28.

Si on peut contrôler un vrillage excessif du premier volet par ce moyen, le vrillage du second volet est plus problématique, car il est moins épais. D'où la solution que nous avons adoptée de le finir en pointe en haut du mât.

La question de l'efficacité en tête de mât (avec quasiment un seul volet qui travaille) est relative parce qu'à la tête de l'aile, la surpression intrados passe par-dessus l'aile et crée un vortex qui dévente l'intrados de l'aile, donc l'aile travaille mal de toute façon (sauf à mettre une plaque d'arrêt, comme en bout d'ailes des avions).
Comme sur Pi28, je ne vois qu'un seul moyen de contrôler le vrillage de l'aile, par la tension verticale des bords de fuite du volet principal et du volet secondaire.

Il y a deux autres solutions qui existent,
- celle de déplier en arcordéon des plaques verticales, comme sur cette solution, mais ça me semble fragile et puis ça alourdit beaucoup (leur problème est que l'aile est issue derrière une mâture traditionnelle, et donc le centre de poussée est très reculée par rapport au mât).

- l'autre solution est de croisillonner l'aile verticalement entre les cambreurs : un fil est fixé sur tribord au premier cambreur et rejoint le second cambreur sur bâbord et réciproquent avec des fils qui ne s'allongent pas.

Clt
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Re: Quel type d'aile précisément ?

Messagepar Alain Oriot » 16 Nov 2012, 13:55

Vrillage
La solution des plaques verticales en accordéon
Fichiers joints
mono wing 4@.jpg
La solution des plaques verticales en acordéon
mono wing 4@.jpg (83.95 Kio) Vu 32725 fois
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Re: Quel type d'aile précisément ?

Messagepar Laurent » 16 Nov 2012, 14:07

"Le poids ne me semble pas problématique."
cet avis ne semble pas des plus partagés…

Les AC 45/72 tiennent le cap sur ce point à grand renfort de carbone et nid d'abeille Nomex.
Sauf que l'aile d'Oracle à couté 2 millions d'euros…

* * *

je trouve que tu expédies un peu trop rapidement la technologie du boudin gonflable.
J'envisage cette technique non pas en élément principal mais en renfort.

* * *

je maintiens ce que j'ai dis sur le balestron du P28.
C'est celui d'une aile pour relatif petit temps.
J'attends qu'on nous montre le P28 par bonne brise…

* * *

Ne serait ce pas l'intérieur de l'aile Omer que tu nous montres là ?
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Re: Quel type d'aile précisément ?

Messagepar Alain Oriot » 16 Nov 2012, 14:14

L'aile souple par vent violent, un sujet qu'il faudra aborder

Oui tout à fait Laurent.
Une chose d'abord qui me semble évidente et avantageuse dans une voile épaisse : hors manœuvre d'arisage, une voile épaisse ne faseye pas ! C'est le faseyement qui fait le plus de dégât dans une voile, car les accélérations de la toile au bord de fuite peuvent approcher la vitesse du son… et le tissu se déchire.
C'est cet avantage qui nous a été confirmé par Guy de Matin Bleu.
Reste l'autre question de la résistance de la toile à la pression… mais là aussi on reste dans quelque chose d'expérimenté… Matin Bleu a subi des coups de vents violents.

L'autre question est au moment des arisages, c'est à mon avis le moment délicat dans la piaule. En même temps, l'arisage est rapide, tout tombe très vite, comme sur une jonque : Yvan en a fait l'expérience douloureuse pendant notre essai quand j'ai laissé filé la drisse et qu'il a pris sur la tête la succession de cambreurs. :))

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Re: Quel type d'aile précisément ?

Messagepar Alain Oriot » 16 Nov 2012, 14:20

"Le poids ne me semble pas problématique."
cet avis ne semble pas des plus partagés…

Les AC 45/72 tiennent le cap sur ce point à grand renfort de carbone et nid d'abeille Nomex.
Sauf que l'aile d'Oracle à couté 2 millions d'euros…


Laurent, je veux préciser quand j'ai dit “pas problématique”, je voulais dire pas plus problématique que la solution Matin Bleu qui me semble être la référence d'un voilier de croisière qui a subit des coups de torchon et a fait un long voyage… en tous les cas, qui a prouvé que c'était possible sans casse (juste un wishbone).

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Re: Quel type d'aile précisément ?

Messagepar Laurent » 16 Nov 2012, 14:36

Okay.

j'aime beaucoup l'idée du raidissement via réseau de bouts entre les cambreurs, comme toute les idées hyper simples et pourtant fonctionnelles.
Avec l'utilisation du Spectra/Dynema/etc… en tout petit diamètre, il y aurait moyen de faire très léger, efficace, et de ne pas trop se ruiner.
D'ailleurs la photo de l'intérieur de l'aile du P28 démontre qu'ils ont adopté ce procédé.
Je préfère de loin cette technique à celle des boudins. A condition qu'elle s'avère réellement efficace.


* * *

Tu me rappelles Alain une de mes anecdotes de traversée épique :
juste avant que je passe en mode cap sèche pour 36 heures, j'avançais au bon plein péniblement jusqu'à ce que ce qui reste d'envoyée de la GV arrière se mettent à faseyer à un tel point qu'elle semblait pourvoir exploser à tout moment.

Tu as vraiment eu confirmation par Guy que la voile épaisse souple ne faseye pas dans la piaule ?
La théorie dirait oui, mais l'expérimentation me parait un argument autrement plus solide…
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Re: Quel type d'aile précisément ?

Messagepar Alain Oriot » 16 Nov 2012, 14:56

Laurent,
J'ai fait un petit calcul de résistance du balestron de Pi 28 par rapport à une bôme… y a pas photo !!!
Fichiers joints
Capture d’écran 2012-11-16 à 14.54.29.png
Capture d’écran 2012-11-16 à 14.54.29.png (15 Kio) Vu 32720 fois
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Re: Quel type d'aile précisément ?

Messagepar Alain Oriot » 16 Nov 2012, 14:59

Le balestron de Pi 28 peut encaisser 3 fois plus d'effort qu'un bôme.
Amitiés
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